Viatcheslav Répine
(Vyacheslav Repin, Wjatcheslaw Repin)
est né en Sibérie en 1960 dans la famille d’un officier de carrière de l’armée soviétique.
L’auteur de romans, de récits, de nouvelles et d’essais. Français d’origine russe, il vit en France, à Paris, depuis plus de 30 ans. Écrit en français et en russe.
Son destin est marqué par les derniers soubresauts de la guerre froide. Il entames des études littéraires et linguistiques en ex-URSS. Encore étudiant, poursuivi en Union Soviétique pour ses opinions, il a été, en 1985, prié de quitter le pays en 48 heures suite aux pourparlers diplomatiques et au contrat sur le gaz, passé alors entre la France et l’Union soviétique, et aux vigoureuses campagnes de presse menées en sa faveur par les médias francophones. Dès lors, émigre de facto en France.
Il ne se fait pas tout de suite remarquer comme écrivain, exil oblige. Un de ses récits, La dernière chasse de Piotr Andreïévitch, sera d’abord publié en Russie dans les années 90, dans plusieurs revues littéraires, et apprécié des critiques, le sujet étant « délicat ».
Son premier roman, Le Mal des étoiles ou Les années mûres d’un misanthrope (1998), écrit en France et publié en Russie par une célèbre maison d’édition Terra, a surpris la critique russe par sa démesure (130 chapitres, plus de 1 200 pages), par sa distance inhabituelle des réalités internes de la culture russe, et aussi par sa rupture totale avec les postmodernistes alors très en vogue dans le pays.
Parmi ses nombreux récits et nouvelles, on retiendra surtout Jean et Jacques, Le Centre du monde, ainsi que des contes existentiels pour enfants et adultes, en partie parus en français.
Le roman Antigonia, écrit en français, est paru en France, puis ultérieurement en Russie, dans une version différente, écrite par l’auteur dans sa langue maternelle.
Ses deux premiers romans ont été nominés pour les prix littéraires russes les plus importants.
La traduction en français de son roman grand format, Les Caméléons, écrit en russe et auquel il a consacré près de cinq ans, est en cours.
Son dernier roman à ce jour, Pêcheur de plaisir et maître en bévues (2018), a également été écrit en russe.
Viatcheslav Répine se démarque des auteurs russes et français de sa génération, non seulement par son inscription dans la tradition de la grande littérature russe universelle et son ambition de réinventer une modernité qui ait un sens, mais aussi par son choix de la France comme deuxième patrie et culture, ce qui lui confère d’entrée une place à part. Son choix d’écriture (il écrit dans les deux langues) et de pensée (sa position philosophique de « pont entre les mondes Est et Ouest ») en fait un auteur hors norme. Ses œuvres pointent du doigt, avec finesse et sans concession, les égarements de notre époque, et nous interrogent ainsi sur le sens de la tourmente que traverse aujourd’hui l’artiste responsable.
Les œuvres de Viatcheslav Répine proposent au lecteur un regard libre et franc sur une littérature qui tente de répondre aux grandes questions de notre temps, une littérature de moins en mois donnée au lectorat de masse (sous prétexte qu’il ne la demande pas), aussi bien en Russie que dans le reste du monde, et qui exige par conséquent de vrais engagements.
Viatcheslav Répine a été l’un des premiers à apporter à la littérature russe des dernières années l’esprit encore peu connu par celle-ci de la culture littéraire définie par certains comme « postindustrielle ». Il écrit une prose contemporaine, caractérisée par un regard critique, ouvert sur le monde extérieur, mais paradoxalement intérieur au contexte. Cette position n’a pas de précédent dans la littérature russe d’aujourd’hui et c’est pourquoi l’auteur est « répertorié » comme outsider par l’establishment littéraire, et pas seulement en Russie.
Je pense avoir le devoir de contribuer à faire comprendre le pays où je suis né, dont je comprends finalement, avec la distance que me donne ma seconde vie en France, bien des choses que ne voient pas les autres, qui sont trop près de cette réalité. Ou trop loin. Le lecteur français verra que finalement, même si les problèmes de la vie russe ont l’air plus « rudes », ce n’est que parce que les circonstances et le pays sont différents (et vice-versa pour le lecteur russe), mais pas le cœur de l’homme, qui n’en a qu’un, et qui le fait vivre et mourir.
L’écart qui existe entre les uns et les autres équivaut pour moi souvent à une question d’un autre ordre, mais qui remet tout à son juste niveau de gravité : n’est-il pas le fruit de l’imagination, celle de l’homme ? Ce sont assurément les hommes qui rendent ce monde incompréhensible et souvent invivable…
La littérature ne sera jamais un remède. Mais elle donne parfois à la vie plus de sens qu’elle n’en a l’air…”
octobre 2009